Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
2 décembre 2014 2 02 /12 /décembre /2014 13:10

« On ne juge pas un vainqueur »

 

Catherine II (1729-1796) – Impératrice russe et tête de vainqueur

 

64,50 %. Voilà. Dix ans après, Nicolas Sarkozy est réélu président de l’UMP. Avec un score nettement inférieur à sa performance de 2004, à ce qu’ambitionnaient les sarkozystes et à ce que pronostiquaient les médias. Mais ce rêve d’une élection à 70 ou à 80 % n’a jamais tenu la route. L’ancien président a logiquement perdu un peu de sa superbe après dix ans de pouvoir et une défaite, et ses deux adversaires ont fait une bonne campagne. Deux tiers des voix, c’est bien. Son retour n’est pas raté.

La théorie des médias selon laquelle il n’était pas assez préparé ou qu’il n’avait plus envie est au mieux exagérée, au pire farfelue. Après deux ans de retrait et de retraite, Nicolas Sarkozy a fait le job. Les militants UMP sont encore attachés à lui, preuve qu’en politique on ressuscite de tout et notamment d’un quinquennat présidentiel pour l’essentiel décevant et dont il n’y a quasiment rien à sauver. Nicolas Sarkozy a gagné. Même s’il sait, au fond de lui, qu’il a perdu quelques électeurs en route. 

 

Le propre d’une élection, c’est qu’à la fin tout le monde gagne. À côté du vainqueur siègent déjà en majesté deux gagnants. Hervé Mariton, qui avec 6,32 % des voix a fait bien plus que le score infinitésimal qu’on lui prédisait. Et surtout Bruno Le Maire, qui avec 29,18 % n’a pas eu de mal à dépasser la barre peu ambitieuse de 20 % qu’il s’était fixée. L’ancien ministre de l’agriculture sait désormais qu’il pèsera, qu’il est entré en première division et qu’il a pris un peu d’avance sur les quadras de sa génération. Les tractations pour caser ses fidèles au sein du nouveau bureau politique ont déjà commencé, même si les sarkozystes devraient truster les postes.

Il sera sans doute une épine dans le pied pour tous ceux qui choisiront une ligne centriste comme Alain Juppé, dont Nicolas Sarkozy tentera de jouer habilement. Le maire de Bordeaux sait, à l’instar de François Fillon, que le tiers de militants qui ont voté contre le nouveau président n’est pas suffisant. Tous réunis, les anti-Sarko ne pèsent pas lourd. Mais il est indécent de prôner la division un soir comme celui-ci où deux ans après la guerre des chefs, l’UMP s’en est enfin trouvé un en votant massivement (58,10 % de participation) pour le rassemblement et le renouveau.

Partager cet article
Repost0
1 décembre 2014 1 01 /12 /décembre /2014 09:07

« Le diable est encore le meilleur subterfuge pour disculper Dieu »

 

Sigmund FREUD (1856-1939) – Psychanalyste autrichien et non croyant

 

La mort du FN approche. Pas sur le plan politique, mais sur le plan onomastique. Le Front national va peut-être laisser sa place au Rassemblement Bleu Marine, un nouveau nom pour un parti nouveau qui n’en finit pas de tirer les bénéfices de sa dédiabolisation. Les élections municipales lui ont donné une dizaine de mairies. Les élections sénatoriales l’ont fait entrer pour la première fois à la haute assemblée. Les élections européennes en ont fait le premier parti de France. Un parti aux portes du pouvoir, donné gagnant en 2017 en cas de duel avec François Hollande.

 

La stratégie de la dédiabolisation a une histoire. Le succès du FN de Jean-Marie Le Pen a longtemps reposé sur l’effet repoussoir qu’il créait dans l’opinion publique. Sa médiatisation dans les années 1980 par les naïfs de l’antiracisme en a fait le parti vers lequel il fallait porter ses voix si on voulait crier sa colère contre le système. Il est vrai que le patriarche a contribué lui-même à s’ostraciser par ses sorties parfois douteuses, du point de détail au Durafour crématoire sans oublier ses bagarres.

 

Cependant ce qui a permis au parti d’émerger et de se rendre séduisant l’empêchait de prétendre accéder au pouvoir. Bruno Mégret avait le premier tenté la stratégie de la dédiabolisation en lançant le MNR en 1999, parti de droite nationaliste bon teint aux propositions sérieuses. Ce sera l’échec : Jean-Marie Le Pen ne voulait pas du pouvoir, et son rival n’avait pas son charisme. Son accession au 2e tour de l’élection présidentielle en 2002 sera presque un accident, tel un enfant qu’on n’a pas voulu.

 

C’est donc la fille qui a tiré les leçons de cette expérience et qui à la succession de son père a engagé la dédiabolisation en 2011. Comme François Mitterrand avec la gauche des années 1970, Marine Le Pen a promis aux siens qu’ils seraient un jour au pouvoir. C’est pourquoi elle s’est entourée des meilleurs, des cadres Louis Aliot et Florian Philippot aux maires Steeve Briois et David Rachline en passant par le sénateur Stéphane Ravier et les députés Gilbert Collard et Marion Maréchal-Le Pen.

 

La tentation du pouvoir du FN

 

On pensait que cette normalisation tournerait à la banalisation tant le sex-appeal électoral du FN repose sur son image de transgression. Or il n’a rien perdu de son pouvoir de séduction, gagnant même en crédibilité face aux déboires du PS et de l’UMP. Il marche désormais sur deux jambes. Aux thèmes traditionnels de la patrie et de l’immigration auxquels on cantonnait souvent le parti, le FN a ajouté le social avec la hausse des salaires et l’économie avec la sortie de l’euro. Cocktail étonnant et détonant dont le seul but est de séduire les perdants de la mondialisation.

 

Un électorat aussi infini qu’indéfini, qui défie la pensée unique en vomissant aussi bien l’européisme béat que le multiculturalisme bébête. Le FN critique les politiques identiques et inefficaces depuis 40 ans de l’UMPS. Au risque d’abandonner sa place de parti de droite extrême pour verser à gauche voire à l’extrême gauche, au grand dam de membres éminents comme Bruno Gollnisch ou… Jean-Marie Le Pen.

 

Il faut voir à présent si la dédiabolisation peut se perpétuer, or le diable est dans les détails. Le FN devra éviter les dérapages pour devenir crédible et fréquentable. C’est pourquoi Marine Le Pen surveille de près son père et ses maires. Il ne sera plus attaqué par une posture morale antiraciste mais sur son programme économique de gauche, les divisions idéologiques de ses cadres et l’absentéisme de ses élus.

 

Des ambitions et des tensions vont monter, notamment pour la tête du parti. Or le FN ne peut rester indéfiniment une simple entreprise familiale. Il faudra que la famille Le Pen laisse un jour le paquebot à d’autres. Le FN va désormais connaitre les problèmes quotidiens d’un parti de gouvernement sans les avantages d’un parti hors système. Après le point de détail, le diable devra s’occuper de ces détails.

Partager cet article
Repost0
29 novembre 2014 6 29 /11 /novembre /2014 09:46

« Rien ne devrait recevoir un nom, de peur que ce nom même ne le transforme »

 

Virginia WOOLF (1882-1941) – Romancière anglaise et femme sans nom

 

Nicolas Sarkozy avait annoncé dès le départ qu’il voulait tuer l’UMP. Le sigle à trois lettres est délégitimé depuis les événements de 2012 et l’affaire Bygmalion a achevé de salir la marque dans l’opinion. Le parti créé en 2002 par Jacques Chirac et Alain Juppé pour rassembler la droite et le centre n’aura donc vécu que 12 ans. Le rêve d’un grand rassemblement n’est pourtant pas mort. Nicolas Sarkozy espère créer une union au-delà des clivages, qui serait même ouverte à des déçus de la gauche !

 

On attendra de lire les statuts du nouveau parti pour bien en comprendre la raison sociale et politique. Néanmoins la démarche correspond bien à la tradition gaulliste de s’associer pour faire de la politique au-dessus des partis. Malgré la multiplication de noms qui ne durent généralement pas, les partis de droite ont en effet toujours fait référence aux notions collectives de rassemblement, d’union ou de mouvement.   

 

Il y a eu le Rassemblement pour la France (RPF), créé en 1947 par le Général de Gaulle, auquel succéderont l’Union pour la nouvelle république (UNR) et l’Union des démocrates pour la Ve République (UDR) une fois au pouvoir. Jacques Chirac suivra cette tradition en 1976 en créant le Rassemblement pour la république (RPR), idée directement tirée d’un album d’Astérix. L’Union pour un mouvement populaire (UMP), d’abord appelée Union pour la majorité présidentielle, ne déroge pas à la tradition.

On dit que les idées sont plus importantes que les noms. Que Nicolas Sarkozy doit moins réfléchir au changement de sigle qu’au changement de projet. Mais le nom d’un parti en dit long sur la politique qu’il compte mettre en œuvre. À gauche on a toujours préféré le mot de « parti », dénié à droite parce qu’il implique une partition de la société, du Parti socialiste (PS) à la Section française de l’internationale ouvrière (SFIO). Une logique de confrontation présente dans le Front populaire, qui servira d’exemple des années plus tard au Front national puis au Front de gauche.

 

RTF, PMU, UFA…

 

La droite elle a toujours préféré l’union du peuple parce qu’elle est populiste et le rassemblement derrière un chef parce qu’elle est bonapartiste. En tenant compte de toutes ces traditions, Nicolas Sarkozy devrait parvenir aisément à trouver un nom pour remplacer l’UMP. Au cas où il coince, voici quand même quelques idées.

 

D’abord les moins originales. La droite aimant l’union et le rassemblement, il faut nécessairement que ces termes soient présents dans le nouveau nom. Ce qui donne soit l’Union pour la France (UPF) mais qui a déjà existé dans les années 1990 avec une alliance électorale entre le RPR et l’UDF et qui rappelle trop le Mouvement pour la France (MPF) de Philippe de Villiers, soit le Rassemblement de tous les français (RTF) mais qui rappelle le Rassemblement bleu marine (RBM) en passe de se lancer.

 

Ensuite les plus loufoques. L’UMP a souvent été victime des jeux de mots, comme avec l’UMPS. Il faudra donc éviter le PMU (Parti le meilleur et l’unique) ou le PSA (Parti des sarkozystes anonymes, reprise du sigle du Parti socialiste autonome). Il faudra aussi éviter les noms trop faciles à pasticher. En 2002, Alain Juppé avait pensé à la « Maison bleue », ce qui est plutôt joli mais qui n’aurait pas manqué de faire penser à la chanson de Maxime Le Forestier. On a eu de la veine…

 

Enfin les plus efficaces. Un nom de parti doit à la fois avoir un sigle qui claque et un nom qui synthétise son programme. La Droite forte est par exemple une réussite sur le deuxième plan mais la droite a encore des complexes à s’assumer en France. Si on préfère la nation et le travail, on optera pour l’Union de la France qui avance (UFA). Si on préfère la république et l’autorité, on optera pour le Rassemblement des forces républicaines (RFR). Bon, vaut mieux laisser faire Nicolas Sarkozy…

Partager cet article
Repost0

À Propos De En Rase Campagne

  • : En rase campagne
  • : La politique est toujours en campagne, CARBONE 12 aussi ! Lancé à 100 jours du 2e tour des élections présidentielles de 2012 pour redonner de la hauteur à un débat qui volait bas, EN RASE CAMPAGNE est un blog qui commente la vie politique française.
  • Contact

L'EMPREINTE CARBONE

Projet de loi de finances : se serrer la ceinture ou baisser son froc devant Bruxelles, telle est la question. 

 

Retrouvez tous les billets "L'empreinte carbone" 1 2 3 4 5 6 7 

AU RAS DES PÂQUERETTES

Poisson d'avril de Ségolène Royal : les autoroutes gratuites le week end. Mais qui peut contrôler ce qui se passe dans son cerveau ? 

 

Retrouvez tous les billets "Au ras des pâquerettes" 1 2 3 4

DU CARBONE DANS LA CERVELLE

Entre deux meetings, Nicolas Sarkozy recommence ses conférences grassement payées à l'étranger. Cela pourrait le desservir. 

 

Retrouvez tous les billets "Du carbone dans la cervelle" 1 2 3 4 

Les Idees De En Rase Campagne