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12 février 2013 2 12 /02 /février /2013 06:19

« Chaque médecin a sa maladie favorite »

 

Henry FIELDING (1707-1734) – Dramaturge anglais et médecin malgré lui

 

 

On critique souvent la démocratie. Le modèle représentatif libéral ne se résumerait qu’à des élections, plus ou moins suivies par les électeurs et plus ou moins suivies par les élus. Les uns vivraient sans la politique voire contre la politique et les autres vivraient pour la politique et plus sûrement de la politique. On réclame la représentation proportionnelle ou la démocratie participative pour y remédier. C’est mal connaitre le système, qui est toujours très conservateur.

 

On critique souvent le corporatisme. Les intérêts bien compris des groupes sociaux sont toujours défendus avec pertes et fracas et pertes et profits par des corps intermédiaires offensifs dans des grandes manifestations improductives. Ils freinent les avancées politiques, encombrent la modernisation économique et annihilent le progrès social. Sauf que les groupes de pression ont réussi à se refaire une virginité avec la crise des institutions. C’est le néo-corporatisme.

 

Le néo-corporatisme, c’est le mélange savant entre la démocratie et le corporatisme. Le peuple en avait assez de voter puis de se taire et voulait reprendre le contrôle sur la politique. Les lobbys en avaient assez de dépendre du pouvoir et d’attendre alors ils ont fait dépendre le pouvoir d’eux. Les nouveaux corporatistes, ce sont ces acteurs-réseau qui disent représenter les autres et qui ont réussi à imposer l’action publique négociée dans les circuits de décision.

 

Avant, le peuple était semi-souverain et la confiance dans le système était en chute libre. Maintenant, la démocratie est en continu et le citoyen est constamment défendu. Les syndicats vont à Matignon pour faire pression sur le 1er ministre et annuler un plan de licenciement. Les familles vont à l’Elysée pour s’assurer que le président ne va pas leur faire un enfant dans le dos en pondant une loi sur le mariage homosexuel. Les portes du pouvoir sont grandes ouvertes.

 

A tous et à n’importe qui. Au nom de la démocratie, on perd en efficacité en prenant les avis de tout le monde. Et surtout en les confrontant : plus on négocie avec un nombre élevé d’interlocuteurs, plus la chance d’aboutir à un accord diminue. La concertation promise plus que promue par le gouvernement consiste à prendre l’avis de tout le monde en public pour que chacun prenne en otage le débat. Des négociations secrètes, on est passé au micro ouvert.

 

Il est utile de consulter tous les avis avant de se faire sa propre idée, comme le font les sénateurs aux Etats-Unis. Mais personne ne se laissera prendre par la supercherie. Au royaume de l’arrangement, les relations personnelles que peuvent avoir un élu et un influenceur rendent le premier dépendant et le second souverain. Quand la décision publique est conditionnée par un intérêt privé qui se drape des oripeaux de l’intérêt général, en général tout est perdu.

 

C’est en voulant imposer le bonheur à tous qu’on anime la haine de tous. Il aurait été trop facile que le néo-corporatisme révolutionne la démocratie à lui seul : « A quelle heure on change le monde ? On va essayer de venir ». La démocratie reste le lieu du conflit et non celui de la connivence. Agir pour le compte du peuple sans lui rendre de comptes, c’est se mettre à sa place et lui prendre sa place. Il y a déjà les partis pour cela, mais eux ont des militants.

 

Le néo-corporatisme n’est pas ce système désintéressé où les acteurs regroupés dans des associations sous l’égide de l’Etat apportent leurs contributions en vue de meilleures décisions. Le citoyen y est encore plus inactif et encore moins libre qu’avant, pris en tenailles entre ces porte-paroles qui l’usurpent et cet Etat à la fois surpuissant et sous-puissant. Ce qui marche, ce sont toujours le dialogue en amont et la confiance réciproque. Pas la séduction et la tromperie.  

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11 février 2013 1 11 /02 /février /2013 07:10

« Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait »

 

Mark TWAIN (1835-1910) – Ecrivain américain et cousin de Shania

 

 

Et s’il réussissait ? Telle est la question qui ne devrait pas tarder à hanter la droite d’ici peu de temps si François Hollande continue ainsi de rassembler les petits succès et d’éviter les gros couacs. L’accord entre syndicats et patronat sur le contrat de travail, l’opération militaire au Mali, le vote du mariage pour tous… Autant de bons points que le président, en grand amateur de sport, a su marquer pour commencer l’année 2013. Cela ne fait pas oublier les points noirs ni remonter sa côte de popularité à 40%. Mais c’est de la confiance accumulée pour 2017.

 

Et s’il réussissait ? François Hollande a tellement raté son entrée en matière qu’on voit mal comment il ne pourrait pas relever le niveau d’ici la fin. Son début de mandat fut marqué par l’inaction et l’indécision. Sa dernière ligne droite pourrait être sauvée par un redressement de la conjoncture économique. Personne ne croit que sa taxe à 75% sur les ultra-riches ou ses 60000 postes d’enseignants supplémentaires sauveront la patrie en danger. Mais tous craignent qu’il n’ait la chance de tomber sur une période de croissance au contraire de son prédécesseur.

 

Et s’il réussissait ? On a tous douté des facultés de François Hollande à devenir un chef. On a besoin d’un capitaine qui tienne la barre dans la tempête, or il n’a rien d’un Magellan. Mais c’est un faux mou. Sa fermeté comme chef des armées dans le dossier malien l’a prouvé. Celui qu’on annonçait être un président normal, modeste et banal se révèle à l’usage capable de charisme. Presque d’héroïsme. Qu’importe que ce ne soit que de la poudre aux yeux et que la fermeté des mots n’ait d’égale que la faiblesse des actes. Il assure, ou fait semblant d’assurer.

 

Et s’il réussissait ? Tout le monde le sous-estimait et s’attendait à ce que lui gicle dans les mains le sang de l’échec. Or une fois de plus, il fera tout pour se les laver. Il ne prend aucune décision impopulaire pour ne pas faire de mécontents, tel un doux despote qui amuse et abuse son peuple. Il n’a pas créé d’illusion pour ne pas créer de désillusion. Il n’assume qu’à moitié la position de président actif plongé dans le quotidien et préfère celle de président arbitre protégé par le long terme et par son 1er ministre. C’est un gros malin, doublé d’un fin manœuvrier.

 

Et s’il réussissait ? François Hollande a au moins l’avantage d’être moins fougueux que Nicolas Sarkozy et moins direct que Jean-François Copé. Cela lui donne toujours la possibilité d’utiliser une de ces stratégies de billard à trois bandes qui l’ont si souvent aidé par le passé. Tel le bouchon balloté au grès des courants, il sent mieux que quiconque le sens du vent d’opinion et saura en jouer le moment venu. Ses incantations inutiles et son attentisme navrant n’y feront rien : il n’y aura pas d’anti-hollandistes primaires comme il y eut des anti-sarkozystes primaires.

 

Et s’il réussissait ? Il faut oublier la campagne et les promesses non tenues. On est passé à l’heure du bilan après celle du projet. Or la comparaison avec celui de Nicolas Sarkozy est cruelle : il ne fait pas pire. Il fait même pareil : du chômage en hausse, des couacs à gogo, des scandales avec sa femme, des guerres en papier, des réformes révolutionnaires en carton et des chiffres de l’insécurité constamment en hausse. L’UMP dit qu’il met la France à genoux, or elle manque trop d’entrain et subit trop de défiance pour arriver à inverser le jugement des français.

 

Et s’il réussissait ? En France, personne n’aime le président mais l’impopularité relative de François Hollande restera toujours flottante. Elle ne prêtera pas à conséquences sur le plan électoral. Le danger viendra comme souvent de l’intérieur. Le président semble maîtriser le PS comme à la grande époque, or les vrais déçus du hollandisme sont à gauche. Avant que ne s’officialise la division avec les autres forces de la majorité aux élections présidentielles de 2017, Jean-Luc Mélenchon et Jean-Vincent Placé auront le temps de lui faire du tort par leur parole.

 

Et s’il réussissait ? François Hollande peut être réélu en 2017 par défaut. Les français s’apercevraient qu’il serait la moins mauvaise des solutions, dans la consternation générale. S’il a su gagner par accident en 2012, pourquoi ne gagnerait-il pas par hasard en 2017 ? Il faudrait alors lui trouver un défaut, un point noir dans son bilan comme ce chômage qui fait un millier de nouvelles victimes chaque jour et qui est jusqu’ici son grand constat d’échec. Ou alors il faudrait lui trouver un rival, qu’on désire plutôt que de seulement le tolérer. Et s’il revenait ?

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10 février 2013 7 10 /02 /février /2013 07:32

« On maudit l’argent mal acquis ; on respecte l’argent bien gagné »

 

Ayn RAND (1905-1982) – Ecrivain américaine et machine à sous

 

 

On est souvent victime de ses excès. Le monde est entré dans la crise à cause de l’argent facile et virtuel du capitalisme de casino. Les actionnaires et leurs dividendes avaient pris le pas sur les entrepreneurs et leurs investissements. On est entré dans la crise parce qu’on a trop cru en l’argent. On en sortira parce qu’on recommencera à en créer. Pour rompre avec la dette et la récession il faut de la rigueur et de la croissance. Or c’est en recommençant à produire et à travailler qu’on se remettra à générer de la richesse et la confiance qui va forcément avec.

 

L’Etat a toujours eu un rôle à tenir dans la gestion de l’économie. Là où les imbéciles prônent l’austérité pour assainir nos finances, les derniers des socialistes vantent la relance pour réactiver la dépense des ménages. Qu’importe que ce soit plus imbécile encore et que cela pèse exclusivement sur la dépense publique. Les grands travaux de l’Etat ont toujours été un mythe et on croit pourtant toujours à chaque grand emprunt qu’il va changer le visage de la France.

 

L’arme budgétaire est efficace si elle donne vraiment une impulsion à l’économie. Il ne sert à rien de relancer en période de croissance comme l’ont trop souvent fait nos gouvernants, souvent de droite, par démagogie ou par ignorance. Il ne sert à rien de dépenser si c’est pour du fonctionnement et non de l’investissement car seul ce dernier produit de l’activité et un effet de levier. Le temps où l’Etat créait du déficit en toute bonne conscience car on croyait que cela bénéficierait forcément à la société est révolu. Il doit tailler et dans les dépenses et prioriser.

 

L’éducation devrait être le premier de nos investissements. C’est la clé de la croissance à long terme et de la baisse du chômage. François Hollande a eu raison d’en faire son axe fort : dommage qu’il en fasse si peu à part avec des mesures aussi inadaptées qu’archaïques comme la création de 60000 postes d’enseignants ou la réforme des rythmes scolaires. Il ne suffit pas de construire des infrastructures de qualité : il faut aussi fournir une main d’œuvre de qualité pour produire dedans. Le capital humain, c’est la clé si on veut recommencer à créer de l’argent.

 

Et il n’y a pas que la dépense publique. En diminuant la pression fiscale, on laissera la société se gouverner elle-même et créer la croissance dont on a tant besoin. La dépense privée est la clé de l’innovation : il faut re-reconnaitre le rôle moteur de l’entreprise dans la création de la richesse et cesser de prendre les patrons pour des pigeons ou pour des emplumés. Ils créent le progrès technique et la valeur ajoutée. Dommage que les travailleurs soient si peu productifs.

 

La France devra certainement changer si elle veut sortir de la crise en créant de l’argent. Pays de la récréation et de la procrastination, elle a vu ses bras se transformer en branleurs à cause de cette maudite semaine des 35 heures. Nous ne travaillons pas assez. Comment alors pourrions-nous prétendre assumer de manière soutenable notre niveau de vie de nababs et de vizirs ? Créer de l’argent, c’est tout simplement produire et plus simplement encore travailler.

 

Retroussons-nous les manches, et cela ira mieux ! Pour sortir de la crise, il faut revenir à la vraie valeur de l’argent et celle-ci ne doit plus être celle du pouvoir d’achat et de la plus-value boursière facilement gagnée mais bien celle de l’effort et de l’investissement productif. Un pays ne dépense que ce qu’il gagne et ne perd que ce qu’il consomme. Avant d’espérer retrouver un rythme de croisière comme avant la crise, il faudra bien que ceux qui nous tirent vers le haut se remettent à croire à l’avenir et à ce qu’il soit meilleur. Cela donnera confiance à tout le monde.

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