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15 février 2013 5 15 /02 /février /2013 07:06

« Un État fait la politique de sa géographie »

 

NAPOLÉON (1769-1821) – Empereur français et toujours excellent

 

 

Aujourd’hui, petit cours de géopolitique. Avec un cas pratique : le Japon. Pratique car facile à comparer à d’autres exemples connus du tableau noir, dans une discipline qui fait rêver tout le monde. La géopolitique, c’est de la politique conditionnée par la géographie. Le rapport qu’un pays entretient avec le monde est déterminé par sa position sur la carte : sa superficie, sa démographie, son climat, ses ressources naturelles, son voisinage. Et la manière de s’en servir, les décisions des hommes. A ce jeu, on peut dire que le Japon n’est nippon ni mauvais.

 

Il faut se fixer des priorités en politique extérieure. Celle du Japon est de rester une île, forte de ses 128 millions d’habitants et de son économie hyper-compétitive. Un exemple pour tous les pays de la région, à commencer par la Corée du Sud. Le rapport au continent n’est pas anodin : ce n’est pas la même chose d’être au centre ou à la périphérie, au cœur du Grand jeu ou au milieu de l’Océan mondial. Comme la Grande-Bretagne, le Japon est au milieu des mers et pourtant dans une position charnière. Elle est dans cet Océan Pacifique qui régit le monde.  

 

Pour être en position de le dominer il faut avoir une position : s’isoler ou s’engager. Le Japon a fait le choix de se cacher après la honte de sa déroute à la Seconde guerre mondiale. Comme l’Allemagne, elle a renoncé à l’ambition et les traumatismes nucléaires d’Hiroshima en 1945 et de Fukushima en 2011 ne l’ont pas aidé à retrouver de l’amour-propre. Le Japon vit heureux car il vit caché, dans cette neutralité qu’on qualifie de « finlandisation » pour décrire ces pays qui acceptent d’être soumis à la tutelle de l’impérialisme d’un voisin plus puissant.

 

Ce voisin c’est les États-Unis. Le Japon est son grand allié dans la région, sa base arrière pour y poser des missiles. Cette amitié crée des inimitiés avec les autres puissances de la région, de la Corée du Nord staliniste à la Russie poutiniste. La controverse autour des Îles Kouriles en fait foi. Rien à voir cependant avec les tensions avec la Chine : les deux pays se chamaillent en permanence. Non pas avec des fantassins et des baïonnettes, mais avec de la diplomatie molle et des symboles historiques. Entre Tokyo et Pékin, le souvenir de la guerre n’est jamais loin.

 

La perspective un peu moins. Avant de conquérir un territoire, il faut être souverain sur le sien. La meilleure attaque est la défense et la meilleure défense est l’attaque. La Chine met constamment la pression sur le Japon avec le souvenir des crimes du siècle dernier car c’est un jeu d’échecs et un jeu de dominos : dès que l’adversaire reconnait une fois sa faute, il est obligé de céder sur tout. C’est pourquoi l’Europe a voulu l’indépendance du Kosovo pour mettre en difficulté la Russie. C’est pourquoi l’Algérie demande constamment des excuses à la France.

 

La guerre fait bien plus pour la paix que les traités. Ce sont même les traités qui créent le plus la guerre. Ils mettent des pays sous pression et créent des précédents irréversibles. Celui de Versailles disait que l’Allemagne paierait et il y eut la guerre. Le Japon est le pays du soleil levant. C’est aussi celui des sumos : quand il se bat il en fait des tonnes mais c’est extrêmement rare. Sa population vieillit. Sa jeunesse est triste. Son 1er ministre est impopulaire. Son économie est vieillissante. Ses finances sont moribondes. Il veut la paix. Mais il n’en a pas les moyens.

 

Le Japon est situé sur une zone sismique en termes géostratégiques. Entre la Chine, les États-Unis et la Russie. Au bord de la mer pour y baser une flotte et faire du commerce. Sans mers chaudes, point de ports. Près des terres pour occuper un espace vital et partir à l’attaque. Sur un relief accidenté pour résister aux agressions et ne pas se laisser envahir, tel l’Afghanistan avec ses montagnes ou l’URSS avec le Général Hiver. La géopolitique c’est de l’occupation et des positions. Il vaut mieux dominer la guerre de position que perdre la guerre de mouvement.

 

Le Japon ne demande rien et il n’a d’ailleurs rien. Ni richesse naturelle qui fait de ces si petits espaces de tels enjeux géostratégiques. Le Zaïre pour l’uranium. Les Îles Malouines pour les zones économiques exclusives. Le Caucase pour le gaz. L’Irak pour le pétrole. La bande de Gaza pour l’eau. Le vignoble du Bordeaux pour le vin. On est souvent pauvre de ses richesses. Ni détroit stratégique comme le Bosphore et Gibraltar dont on dit qu’il ne faut laisser personne gérer les deux côtés. Le Japon s’est fait tout seul. Ce n’est ni un État-tampon ni un État bidon.

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14 février 2013 4 14 /02 /février /2013 05:35

« J’ai toujours dit 2017, mais certainement pas avant »

 

Jean-François COPÉ (1964) – Président de l’UMP et président en devenir

 

 

Jean-François Copé a de la suite dans les idées. Le 1er mai 2012, lors du fameux meeting fondateur du Trocadéro dont il avait exagérément gonflé le chiffre d’affluence, celui qui n’était alors que simple secrétaire général de l’UMP invitait la marée humaine militante à se préparer à la « reconquête des territoires » en 2014. L’opération reconquête était née. Nicolas Sarkozy, qui l’arbore si fièrement aujourd’hui sur le site de ses amis, n’était même pas encore battu. Preuve que le maire de Meaux pensait déjà sans le dire à la présidence, de l’UMP et de la république.

 

Il avait tout prévu. Sa campagne offensive sur le thème de la droite décomplexée, pour réveiller un parti encore nostalgique de son candidat battu. Sa victoire le 18 novembre bien sûr, bravant tous les sondages qui donnaient plutôt son rival François Fillon vainqueur haut la main. Sauf qu’il n’aurait jamais pensé que cela se joue à si peu de voix, entrainant le scandale que tout le monde a déploré et qui le poursuit encore. Par souci de réconciliation, Luc Chatel partage la vice-présidence avec Laurent Wauquiez et Michèle Tabarot cohabite avec Valérie Pécresse.

 

La plupart de ses proches pense qu’il a tout perdu. Son image est durablement entachée et cela ne le console pas que son rival soit en pire état, au point de déjà préparer l’échéance suivante de la primaire de 2016. Il sait que les français oublient vite, mais il a incontestablement été atteint par ce flot de haine déversé contre lui par la presse d’opinion parisienne qui intrigue et complote sur le Nouvel Obs et le Journal du Dimanche. Il sait que son rêve d’être président de la république en 2017 s’éloigne un peu et que des obstacles se présenteront à lui d’ici-là.

 

Après l’avoir si peu soutenu durant la campagne, Alain Juppé a finalement reconnu que le vainqueur de la guerre des chefs avait le profil pour « faire le job ». Il est malin. Non content d’avoir échoué dans sa médiation, il espère encore tirer profit de la disgrâce des quinquas pour reprendre le parti qu’il a créé en 2002. Le chemin de l’Elysée se rouvrirait de nouveau à lui. Les quadras Bruno Le Maire et Nathalie Kosciusko-Morizet ayant fait le même calcul, l’élection prévue en septembre et arrachée par les fillonistes a tout du traquenard idéal.

 

Car si Jean-François Copé perd, on voit mal comment il pourrait se refaire avant 2016 alors qu’il a d’ailleurs tant ouvert la voie à un retour de Nicolas Sarkozy. Il ira quand même. Son grand atout, c’est qu’il ne doute de rien. Il prend tous les événements comme une chance là où d’autres ne verraient que des catastrophes dans une défaite aux élections législatives en 1997, une mise à l’écart des chiraquiens en 2007 ou des sondages défavorables en 2012. Il a toujours su se relancer, avec Génération France hier et avec ses relais fédéraux aujourd’hui.

 

Il n’a pas d’état d’âme. Pas plus quand ses anciens amis mousquetaires le lâchent tel François Baroin que quand il s’agit de faire un accroc à son costume alors que tout indique que le président de l’UMP en 2016 aura peu de chances d’être le candidat du parti en 2017. Il veut à tout prix garder la présidence, quitte à annuler cette élection inutile qui ne fera que donner sa chance à des candidats qui ne l’ont pas mérité. Il sait que c’est le seul moyen de garder en vie son grand rêve, cette autre présidence pour laquelle il est devenu un postulant… présidentiable.

 

Il ose tout, et c’est cela qui plait tant chez lui aux yeux des militants. Ils l’ont élu en 2012 pour engager la refondation de l’UMP sur une ligne claire et assumée. Ils peuvent très bien le réélire en 2013 s’il continue ainsi à incarner la voix du parti. Il faut juste qu’il lance enfin cette opposition tonique face à la gauche que les français attendent et qu’il incarne une sensibilité au sein de la droite qui mobilise sans diviser et qui rassemble sans inhiber. Il faut juste qu’il soit plus populaire que Nicolas Sarkozy, dont la droite est orpheline car personne ne sort du lot.

 

Finalement, Jean-François Copé a comme prévu gardé la présidence de l’UMP en 2012 et a même éliminé un rival avec ce François Fillon qui comme à l’époque des grandes purges staliniennes n’apparait même plus sur les photos de famille de la droite. Il voudra la garder en 2013 pour lui-même ou par procuration mais on ne connait pas encore sa prochaine victime. Alors viendra le temps en 2016 de penser à la vraie présidence, où il devra sûrement affronter celui dont il est devenu le clone. Jean-François Copé a du panache. Mais a-t-il de la grandeur ?

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13 février 2013 3 13 /02 /février /2013 06:45

« Malheur à vous qui êtes repus maintenant, car vous aurez faim ! »

 

Saint LUC – Evangéliste chrétien et fan d’Eve Angeli

 

 

Il parait que Michel Rocard a eu une belle idée pour réduire le chômage face à la crise. Comme il n’y a plus de travail et qu’il y a trop de travailleurs, il n’y a qu’à le partager entre tous et espérer que la croissance revienne un jour pour que la part de chacun augmente. Pendant ce temps, ce sera la diète. L’ancien 1er ministre qui usa tant de son droit à l’erreur préconise de se mettre aux 31 heures, comme le feraient apparemment selon lui l’Allemagne et les Etats-Unis depuis déjà de longues années. C’est fou ce que la mauvaise foi peut vous faire inventer.

 

Le procédé n’est pas nouveau et il a déjà largement prouvé son inefficacité avec l’échec des 35 heures. Travailler moins pour gagner moins et produire moins, sans gagner en emplois ce qu’on a perdu en milliards d’euros consacrés à cette politique funestement stupide. L’emploi n’est pas un gâteau qu’on découpe et partage en parts égales. Les plus productifs et diplômés se taillent toujours la part du lion et les autres font avec le reste. En temps de crise, la solidarité dans ce domaine est encore moins plausible comme en témoigne la rage des syndicats.

 

Du gâteau à partager, on est passé à la glace qui fond. Il est loin ce temps prospère où on osait gaspiller sans crainte les dividendes du progrès dans des dépenses sociales indues et superfétatoires. Or notre société continue toujours de réclamer fromage et dessert. Engoncée dans ses vieux réflexes, elle persiste à réclamer ses avantages fiscaux et ses acquis sociaux alors que l’heure serait à la levée en masse de l’impôt et au serrage de ceinture généralisé. Mais il est toujours plus difficile de faire accepter la rigueur et l’austérité que la relance et le laxisme.

 

Nous n’avons pas su nous adapter. De 1945 à 1973, ce furent les 30 glorieuses et le pays s’est modernisé comme jamais dans son histoire. De 1973 à 2002, c’étaient les 30 piteuses et la France a appris à vivre avec une croissance molle et une dette consolidée. De 2002 à 2032, ce seront les 30 miséreuses tant la misère et le paupérisme auront fait leur retour dans une société trop habituée à la richesse et au confort. On dépensera pour financer des services publics et des retraites qu’on ne pourra même pas se payer avec notre argent. A quand les 30 heureuses ?

 

Pour s’en sortir, la France devrait se rappeler de deux règles. La première : le premier argent qu’on gagne est celui qu’on ne dépense pas. Elle ne doit pas dépenser moins. Elle doit dépenser beaucoup moins. La deuxième : la seule richesse qu’on peut partager est celle qu’on a créée. Elle ne manque pas seulement de travail, d’initiative et d’esprit d’entreprise. Elle manque aussi de compétitivité, d’investissements et de flexibilité. Pour bien gérer l’économie il faut faire des économies et faire tourner l’économie. La France ne sait faire ni l’un ni l’autre.

 

Et les dépenses, Monsieur Hollande ? Telle est la question que la droite serait en droit de poser alors que le président n’a toujours pas précisé quels secteurs il comptait amputer pour entamer le grand plan d’assainissement de nos comptes publics. Il a promis « zéro déficit » en 2017. C’est mal barré. Quand on n’ose pas assumer la rigueur, il faudrait au moins avoir l’idée de valoriser l’ambition sur les moyens. Les sacrifices seront durs mais l’issue - la sortie de crise - est belle. Le problème, c’est que même la droite n’a pas osé assumer. Elle a perdu le Triple A.

 

Et le travail, Messieurs les socialistes ? La valeur travail en a pris un sérieux coup et un sérieux coût en France. Un coup sur le plan moral, avec le dénigrement de l’effort et du mérite et l’assistanat en libre-service. Tant que les bénéficiaires des minimas sociaux seront exempts de tout reproche, on n’encouragera pas le travail. Un coût le plan économique, avec l’inflation des contraintes et des normes et le jusqu’au-boutisme socialiste. Nicolas Sarkozy voulait baisser les charges patronales et instaurer les accords compétitivité-emploi. La politique de l’offre marche.

 

L’économie française sera une glace qui nous fondra dans les doigts tant qu’on n’aura pas décidé de réduire nos dépenses et d’investir pour l’avenir. L’économie française ne sera pas un gâteau à se partager tant qu’on n’aura pas décidé de se mettre au travail et de regarder nos acquis du passé. L’économie française a trop souffert des déficits budgétaires et commerciaux et des 35 heures et de la retraite à 60 ans pour rendre les armes avec une réforme rétrograde. Sinon le partage des fruits de la croissance tournerait vite à la diète forcée et au régime sec.

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