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7 décembre 2012 5 07 /12 /décembre /2012 23:40

« Les hommes mettent dans leur voiture autant d’amour-propre que d’essence »

 

Pierre DANINOS (1913-2005) – Ecrivain français et avec une belle caisse

 

 

C’est une histoire drôle qui a été racontée jusqu’à satiété, mais cela vaut quand même le coup de la rappeler tant elle est bien bonne. « Au paradis les cuisiniers sont français, les policiers sont anglais et les garagistes sont allemands. Et en enfer les cuisiniers sont anglais, les policiers sont allemands et les garagistes sont français ». La crise continue pour l’industrie automobile. Déjà moins prisées en raison de leur moindre qualité allemande, les voitures françaises ont subi plus que les autres la perte de pouvoir d’achat des ménages et la chute des exportations dans les pays neufs. Même l’Inde produit des Tata bon marché et qui ramènent la Fuego au rang de Trabant.

 

La prime à la casse n’a fait que retarder lâchement le problème au lieu de le traiter à la base. PSA ferme des usines alors que Sébastien Loeb fait briller sa Citroën sur tous les rallyes du monde. Depuis la fusion de 1976, le groupe n’a jamais réussi à se créer des débouchés et à préempter des marchés. Renault n’est pas bien mieux alors qu’elle motorise toutes les écuries de Formule 1 qui gagnent. Depuis la collaboration en 1944, la marque n’a jamais restauré son image et sa progression est freinée malgré la compétence indubitable de Carlos Ghosn.

 

Les usines délocalisent à cause du coût du travail en France, un coup pour les marges des grands groupes. Les ouvriers de Ford manifestent au salon mondial de l’automobile mais la misère n’a pas sa place dans les grands barnums. Cette recrudescence marque un recul certain de la civilisation de l’auto. Les quatre roues de la fortune sont en perte de vitesse et roulent au ralenti. Jadis objet de convoitise qui marquait le statut social de son propriétaire, la bagnole est devenue tout à la fois un bien de première nécessité et un bien secondaire et un bien courant et un bien de luxe. Un gros investissement et une dépense inutile, tant il devient stigmatisant de posséder une grosse cylindrée inemployée et inoccupée buvant des litrons aux 1000 bornes.

 

L’évolution des publicités est troublante. Dans les années 1990, on ne vendait pas une voiture sans sa superbe créature féminine pour faire monter le taux de testostérone des mâles. Dans les années 2000, on n’évoquait pas une voiture sans parler de fiabilité et de performance ou de design et de finition. Dans les années 2010, on ne vendra plus une voiture mais on n’en parlera pour ses performances écologiques et économiques. Elle devra préserver la nature et ne pas coûter un rond à son bienheureux conducteur. Le beurre, l’argent du beurre et la crémière.

 

D’où l’éclair passager de la voiture électrique. A deux euros le plein, plus besoin de réclamer la baisse du prix de l’essence de six centimes. Quand l’EPR pourra les alimenter avec le nucléaire que les socialistes vont démanteler, le contact et le courant passeront. Ça roulera de nouveau pour les constructeurs. Or le gouvernement qui encourage la mode par des avantages fiscaux et des exonérations de taxes aux péages sait impertinemment que la voiture électrique n’a pas d’autonomie. Il faut donc pousser davantage la recherche pour ne pas rester en rade.

 

Les incitations à l’adopter sont d’ailleurs un monument de complexité et une usine à gaz claire comme du jus-de-boudin tant ses thuriféraires les expliquent mal. Ils parlent les yeux écarquillés pour faire croire aux gogos que la voiture électrique sauvera leurs fins de mois. Or cette inspiration hasardeuse coûtera bien plus cher à cause du coût de fabrication et du manque d’économies d’échelle. Hors taxes. Elle ne plaira qu’au bobo parisien, le même qui s’était déjà précipité sur le fumeux Vélib. C’est Peanuts. Il n’y a donc pas de la lumière à tous les étages.

 

A l’heure du développement durable et alors qu’on considère la voiture comme un bien de consommation durable, les industriels voudraient bien que les gens en achètent tous les trois ans comme un bien de consommation courante qui deviendrait vite obsolète une fois passé sa très courte durée de garantie. En-deçà, ce serait mauvais pour l’image de marque et la qualité du produit. Au-delà, ce serait catastrophique pour le compte de bilan et la quantité des ventes. De là à croire au sabotage, il n’y a qu’un pas qu’on se gardera bien de franchir.

 

C’est à pied ou à pattes que les vélocipédistes conseillent aux camionneurs de se mettre. Comme l’auto est crevée, la marche est devenue une panacée pour ceux qui n’ont que leur kilomètre à parcourir par jour. Loin d’être une nouvelle étape de l’histoire des transports, les modes de déplacement doux ne sont qu’une halte et les marcheurs du dimanche trainent déjà des pieds. On n’arrête pas le progrès mais on sait déjà que les réseaux de transport en commun en ville et de covoiturage en campagne ont manqué le virage. Marche ou crève, ce n’est pas la solution. La voiture doit rester un droit de l’homme inaliénable, et seule l’innovation permettra de l’obtenir à un prix et à une qualité correctes.

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6 décembre 2012 4 06 /12 /décembre /2012 23:51

« Tout afflue à Paris »

 

Jean-Jacques ROUSSEAU (1712-1778) – Philosophe genevois et je ne vois rien

 

 

Paris vaut bien une messe, comme dirait l’autre. Les élections municipales n’ont lieu qu’en 2014, mais déjà tous les prétendants sont sur la ligne de départ et se sont pour la plupart portés candidats. A droite, ils sont déjà quatre à prétendre remporter la primaire pour désigner le champion de l’opposition locale : Chantal Jouanno, Claude Goasguen, Pierre Lellouche et Rachida Dati. A gauche, Bertrand Delanoë a déjà annoncé qu’il renonçait à son sceptre et a mis sur orbite la belle Anne Hidalgo pour lui succéder. L’élection est pourtant loin, d’être gagnée.

 

En 2001, Yves Jeuland avait signé un documentaire sur la campagne pour la prise de la ville qu’il avait très justement nommé « Paris à tout prix ». La gauche y avait alors gagné pour la première fois, profitant de la division suicidaire de la droite. Philippe Séguin s’était présenté contre le maire sortant Jean Tiberi. L’un a péri corps et biens, l’autre a été mis en examen pour abus de biens sociaux. C’est cette balkanisation qui attend l’UMP si elle n’élit pas vite son chef.

 

Normalement Paris est un boulevard imprenable et imperdable pour la droite. Lors des premières élections municipales de l’histoire dans la ville en 1977, elle s’était même permis de présenter deux candidats avec Michel d’Ornano et Jacques Chirac. Celui-ci gagnera plusieurs grands chelems avant son élection à la présidence de la république en 1995. Avec des hommes comme Alain Juppé et Jacques Toubon et des arrondissements comme le Ve et le XVIe, il ne pouvait que conserver son titre malgré l’absence de grands travaux et un ronronnement à la fin.

 

Depuis tout a changé. La gauche a bien bossé avec Lionel Jospin et Daniel Vaillant. La droite s’est bien sabordée avec tant d’ambitions et si peu de talent, la dernière candidature de Françoise de Panafieu lui ayant fait toucher le fond avec les accusations de « tocard » contre l’adversaire. Mais surtout, la ville a changé dans sa structure sociologique. Elle s’est boboïsée et recèle d’électeurs le cœur sur la main et le portefeuille au fond de la poche. Comme Lyon ou Toulouse, Paris ne sera pas facile à gagner en 2014 tant elle est devenue un terrain hostile.

 

Ce n’est pas avec la politique d’endormissement menée par le socialisme municipal que les choses vont bouger. Comme dans les autres villes françaises, Bertrand Delanoë a trouvé le moyen de récompenser ses électeurs sans dépenser d’argent. Il s’est allié aux verts pour mener des projets sans envergure. Il prône les modes de transport doux avec le Vélib. Il fait du centre-ville un musée sans voitures et sans vie où le pollueur est forcément payeur. Il repousse les grandes surfaces pour laisser les petits commerces de la Belle Epoque bercer la ville dans sa vieille et laide mystique montmartroise, surtout les clubs de strip-tease et les meneuses de revue.

 

Paris est une ville qui s’endort. On laisse le privilège à l’armée mexicaine de prétendants de droite dire que c’est la faute de la gauche. Qui risque de repasser en 2014 si ces compagnons de déroute ne s’unissent pas vite sous le même étendard. La majorité actuelle continuera cette politique indolore et insignifiante car la différence entre Anne Hidalgo et Bertrand Delanoë, c’est que l’une est superficielle et l’autre aussi. Elles ne veulent qu’un hochet, deux galons et trois barrettes au lieu de changer le monde et la ville. Il est temps de laisser la place à d’autres.

 

L’UMP doit mener une thérapie de groupe et cela passe par la désignation d’un chef. Les candidats déjà déclarés n’osent pas dire qu’ils ne sont que des pions avec lesquels on joue. Ils sont les sous-fifres du leader que tout le monde attend mais qui se fait attendre, François Fillon. Policé mais polisson, le transfuge parachuté de Sarthe reste hermétique aux appels alors que son rendez-vous avec les lumières de la ville est pris. Il vengerait son père spirituel Philippe Séguin à plusieurs années d’intervalle. Mais il devra aussi compter avec le désir et le délire de Jean-Louis Borloo, pas plus prolixe et prolifique sur le sujet mais tout aussi porté sur la chose.

 

Un affrontement entre l’UMP et l’UDI, ce serait la goûte de bière qui ferait déborder la chope. La droite et le centre n’auraient plus rien à dire pour leur défense tant par indiscipline partisane ils laisseraient le champ libre à la gauche. Paris symbolisera forcément l’opération reconquête pour 2017. Plus que tous les villages de France réunis, elle personnifiera la réussite ou l’échec de la droite aux élections municipales de 2014. Mais il faudra raison garder. Car avec l’anti-parisianisme primaire de la province, se concentrer sur les bisbilles de la capitale serait un mauvais signal envoyé à des français qui attendent qu’on s’intéresse à tous et surtout à eux.

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5 décembre 2012 3 05 /12 /décembre /2012 23:36

« Ce qui compte ce n’est pas le vote, c’est comment on compte les votes »

 

Joseph STALINE (1879-1953) – Dictateur soviétique et qui organise bien les élections

 

 

Nous sommes le 6 décembre 2012. Cela devait être la Saint-Nicolas et un bon jour pour Nicolas Sarkozy. Battu le 6 mai 2012 et sorti de la vie politique, il devait savourer sa victoire par procuration et l’avenue ouverte à son retour par la guerre des chefs. Or son ultimatum n’a rien donné. Ce fut une menace en l’air qui n’a pas dissuadé les deux protagonistes de batailler pour définir la date du prochain vote. Pour feindre de parvenir à un accord, François Fillon et Jean-François Copé multiplient les rencontres et ne se quittent plus. Après les tracts, les tractations.

 

L’ancien 1er ministre a créé son groupe dissident Rassemblement UMP, qui loin de faire l’union sème la division. C’est un parti Fillon. Le nouveau président lui a suggéré une élection en 2014. C’est une proposition qu’il ne pouvait pas accepter tant elle l’aurait mis hors-jeu de la vie politique. C’était le but. « L’autre voyou de la république » (bel hommage) est machiavélique dans le sens noble du terme : il veut le pouvoir et il lutte pour le mériter et le garder. Avec son idée de référendum sur les statuts qu’il aurait convoqué, il s’installait définitivement à son poste.

 

Tout le monde veut rejouer l’élection. Un camp neutre de non-alignés se crée entre tous ceux qui ont d’ailleurs intérêt à y participer pour avoir des chances d’être élu vue l’impopularité irrémédiable des deux garnements. NKM a même lancé la pétition « Je veux revoter », comme si on prenait plaisir à être ridicule. On voit bien qu’une élection dans un parti n’amène que du mal. En démocratie, c’est toujours un tricheur ou un imposteur qui gagne. François Hollande a bien gagné la primaire socialiste. Il ne représentait aucune légitimité au PS à part la sienne.

 

La solution serait de faire juger ce scrutin par une commission des sages, et de le valider. On en revient à Nicolas Sarkozy qui en serait membre de droit. En se montrant trop et trop tôt, l’ancien président a déjà grillé son joker. On ne se refait pas. Il n’a pas résisté aux sirènes des médias et a voulu jouer les héros alors que l’UMP attendait un sauveur. Loin des 100 jours, sa médiation aura duré 10 jours et symbolisé son inefficacité dès qu’il s’agit d’assumer le pouvoir. Dommage, car la droite forte qui se réclame de lui avait laminé la droite sociale et humaniste.

 

Le 16 novembre 2008, Martine Aubry était devenue 1ère secrétaire du PS lors du congrès de Reims face à Ségolène Royal dans des conditions comparables. Mais après une nuit blanche de palabres et de tricheries, elle avait été désignée sans que sa légitimité ne fût remise en cause. Un livre intitulé « Hold uPS » avait raconté par le menu les manigances auxquelles s’était livré son camp. Un souvenir de si sinistre mémoire que le parti a préféré cette année ne pas faire de vote pour désigner Harlem Désir. La même chose arrive à l’UMP avec ses fins de non-recevoir.

 

Jean-François Copé et François Fillon sont deux voix discordantes séparées par la haine. Le premier a fait l’erreur originelle de rester au poste de secrétaire général qui s’il ne lui a peut-être pas servi à triché l’a au moins aidé à rester visible des militants. Le second commet le crime de manier la scission pour faire du chantage et d’obliger le parti à dissoudre les dissidents. Ils ne sont pourtant pas les premiers à se détester et à user des pires procédés pour tenter de gagner.

 

La gauche en recèle. En 1971, François Mitterrand devient 1er secrétaire d’un PS auquel il n’appartient pas grâce à un putsch aux dépens d’Alain Savary au congrès d’Epinay. En 1979, Michel Rocard tente de lui chiper la place et la candidature à l’élection présidentielle de 1981 au congrès de Metz. En 1990, Laurent Fabius et Lionel Jospin s’entretuent avec une animosité rarement vue au congrès de Rennes pour savoir qui serait son héritier. En 2008, Martine Aubry et Ségolène Royal se crêperont le chignon au congrès de Reims pour récupérer un PS blafard.

 

La droite en abuse. En 1976, Jacques Chirac crée le RPR pour monter une machine de guerre contre VGE qui le suivra en créant l’UDF en 1978. En 1990, cet homme qu’on croit si sympathique et qui en fait est un tueur en série qui a du sang sur les mains achève la génération perdue des rénovateurs. En 2006, Nicolas Sarkozy élimine son ennemi Dominique de Villepin de la route à l’Elysée grâce au mouvement anti-CPE. Il veut aujourd’hui jouer les arbitres et les bonnes consciences et désigner le vainqueur moral de l’élection. Or seul l’avenir le dira, pas lui.

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