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22 novembre 2012 4 22 /11 /novembre /2012 12:46

« On passe les trois-quarts de sa vie à vouloir, sans faire »

 

Denis DIDEROT (1713-1784) – Philosophe français et qui a intérêt à le rester

 

 

Il en manquait trois. L’outre-mer compte si peu dans l’esprit des politiciens français que la définitivement risible Cocoe a omis de compter le vote de trois de ses départements. Trop forte la droite : François Fillon a retrouvé le sourire radieux que son manque de fair play lui avait fait perdre. En comptant bien les DOM-ROM, il aurait 28 voix d’avance. De quoi lancer une commission de recours pour pallier à la dyslexie de la commission de contrôle. La guerre des chefs est devenue réalité. Or le plaignant annonce avoir renoncé à la présidence de l’UMP.
 
Sa stratégie est claire. Pour la troisième double revendication de victoire de ces élections après celles de dimanche et lundi, l’ancien 1er ministre y va en trois temps. D’abord, il dénonce les résultats et demande une commission de recours. Ensuite, il menace de poser un recours devant la justice sans même s’attarder sur les statuts du parti. Enfin, il appelle comme troisième homme Alain Juppé pour servir de recours et gérer la présidence provisoire. L’appel à du sang-froid et frais extérieur est déjà validé par 134 députés. Il n’a pas fait campagne pour le mériter.
 
Il faudrait alors que Jean-François Copé renonce à la présidence du parti afin que de nouvelles élections soient organisées pour restaurer la légitimité du vainqueur. La ficelle est un peu grosse. Ce serait cruel pour lui alors qu’il commençait à savourer l’exploit de sa victoire si inattendue. On se demande seulement s’il n’a pas de nouveau triché pour faire perdre en route les résultats de ces trois bureaux. Pour bien faire, les deux belligérants devraient être déclarés inéligibles si une nouvelle élection devait avoir lieu. Ils ne se parlent déjà plus. Belle ambiance.
 
Le PS doit bien se marrer en ce moment. L’UMP a réussi l’exploit de faire pire que les congrès de Reims et de Rennes réunis. Les militants sont consternés par ce spectacle horrible auquel chaque jour apporte sa surenchère. Les calculettes de la Cocoe relancent constamment le suspense mais révèlent à quel degré de nanisme politique est tombée la droite française.
 
Son malheur est qu’elle a organisé une élection qui est tombée sur la tranche. Mais étant avant tout une sélection, la simple désignation de Jean-François Copé comme vainqueur aurait dû suffire à l’adouber et à sonner l’heure de la réconciliation et de la reconquête. Avec ce coup médiatique de trop, François Fillon va profondément ternir son image simplement pour avoir voulu prouver qu’il n’avait pas vraiment perdu. C’est lui qui aura osé le plus infect coup d’Etat.
  
Il faut retenir les leçons de cette élection à grand spectacle. L’organisation de l’UMP est à revoir si le parti veut à l’avenir de nouveau se prêter à ce genre de jeu démocratique. La perspective de la primaire en 2016 s’annonce si terrible à ce rythme qu’on se demande déjà s’il ne faudrait pas y renoncer. Le risque de scission est aussi fort que celui d’implosion tant le bras de fer est parti pour durer. Alors que la crise tue la France, la popularité sera longue à regagner.
  
Les caciques neutres du parti ont beau jeu d’appeler au calme et à la sagesse. Ils veulent une commission de médiation comme si les deux premières de contrôle et de recours n’avaient pas suffi à notre malheur. Ni copéïste ni filloniste, il est temps de redevenir umpéïste mais pas à n’importe quel prix. Il est par exemple difficile de prôner le rassemblement quand on qualifie de « grotesque » une proposition de vice-présidence. C’est Nicolas Sarkozy qui doit jubiler.
  
Le plus probable est que Jean-François Copé ne va pas abandonner son poste. S’il n’y a pas de défection dans son camp, il devrait même facilement se cramponner à son trône que les robespierristes de la droite molle veulent lui retirer avant de lui couper la tête. Mais aussi bien le vainqueur Copé que le gagnant Fillon ressortiront carbonisés de cette joute pour 2017. Pour cesser de subir un coût d’image si exorbitant, le premier ferait bien de partir pour montrer qu’il est un homme d’Etat et le deuxième de finir de pleurnicher pour montrer qu’il est un homme.
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21 novembre 2012 3 21 /11 /novembre /2012 13:09

« Tout Etat doit se créer une utopie lorsqu’il a perdu le contact avec le mythe »

 

Ernst JÜNGER (1895-1998) – Ecrivain allemand et en état de choc

 

 

 

Le benchmarking est une idée à la mode en entreprise. C’est pourtant le degré zéro de la bonne idée puisqu’il consiste à pomper celles des autres pour pallier à son propre manque d’inspiration. Mais il ne faut pas être borné. Regarder ce que font les autres sert. Cela prouve sa capacité à se remettre en question et à vouloir progresser. Cela permet de franchir les paliers et d’écarter les menaces. Ce n’est pas un crime de s’inspirer de la gauche pour bâtir le programme de la droite. Il faut juste piocher et récupérer ces mythes socialistes qui valent encore la peine.

 

L’assistanat n’en est pas un. En prétendant porter assistance, l’Etat-Providence officialise la pitié d’Etat et le droit à la paresse. Non contente d’encourager les travailleurs à privilégier les loisirs, la gauche subventionne la fraude sociale avec ses hautes allocations chômage. Les larmes à gauche, c’est l’héritage du Front populaire de 1936 et de la génération Mitterrand de 1981. Il faut privilégier l’entraide à la charité et tendre la main à ceux qui veulent se reprendre en main.

 

La justice sociale n’en est pas une. Le redressement dans la justice promis par le PS de 2012 est une lubie qu’il n’est même pas capable d’assumer. La France n’est plus au temps de Germinal où les ouvriers subissaient la misère et le paupérisme. Aujourd’hui, la morale de gauche prétend répartir la richesse en stigmatisant les riches et améliorer la qualité de vie au travail en mitraillant la valeur travail. Elle croit en l’antiracisme comme on croit en dieu et répand l’esprit mauvais de Mai 68 en pervertissant la jeunesse à force de la tirer vers le bas.

 

L’internationalisme n’en est pas un. Un socialiste français s’entendra toujours mieux avec un socialiste chinois qu’avec un conservateur français. Le manque évident de patriotisme vient de loin, de l’antienne marxiste sur l’union des prolétaires de tous les pays. Quitte à faire la morale à une moitié de la nation française en lui renvoyant à la figure la collaboration, l’affaire Dreyfus et la montée du FN. La seule chose à quoi cela pourrait servir, c’est éventuellement à l’union des peuples européens pour faire la force mais il n’est pas sûr que ce soit souhaitable.

 

L’Etat entrepreneur en est un. La puissance publique ne doit pas se tenir à l’écart mais au contraire réguler et intervenir sur le corps social et la sphère économique. Elle instruit les masses, impulse la modernisation et insuffle la solidarité. La relance économique sera toujours nécessaire. La sécurité sociale est indispensable. La santé publique est sacrée. On peut avoir des désaccords sur les moyens de les financer et les instruments pour les mettre en place, mais on ne peut pas en contester le principe. A condition de réduire la dette en ne vivant pas à crédit.

 

Le socialisme municipal en est un. Les collectivités territoriales ne peuvent mener des projets en les déléguant constamment au privé sous prétexte de l’ouverture à la concurrence et du manque de moyens. Les réseaux d’eau ne sont pas la propriété privée de la Lyonnaise des eaux pas plus que les autoroutes sont la chasse gardée de Vinci. Il faut privilégier la régie à la concession, pour que les marchés publics redeviennent vraiment et réellement publics. Cela permettra aux institutions de gérer leurs investissements et de ne plus se défausser sur leurs prestataires comme le font les mécréants et derniers de la classe des collectivités de gauche.

 

L’éducation populaire en est un. Le personnalisme d’Emmanuel Mounier suggère une voie médiane entre individualisme et humanisme. Chaque homme est une pierre vivante d’un grand édifice social. Faire de l’UMP un parti d’action civique encouragerait l’aide mutuelle dans cette société en réseaux où le souci de l’autre est notre plus grand besoin. L’éducation populaire de Marc Sangnier préconise que chaque personne est susceptible d’apprendre, de comprendre et de surprendre car chacun est doté d’immenses possibilités. Il suffit juste de les libérer en créant un climat favorable à l’expression des talents. Il faut utiliser tout le monde.

 

Certains encartés auront pu s’étouffer ou s’évanouir en lisant ces quelques lignes pleines de syncrétisme et d’œcuménisme. Mais défendre les idées des autres ce n’est pas se trahir, c’est renforcer ses certitudes. Il y en aura besoin avec les temps difficiles qui s’annoncent pour la France et pour la droite. Cela n’empêche pas de se rappeler l’essentiel. Les socialistes sont des gens qui ne savent pas où ils vont mais qui savent qu’ils y vont avec l’argent des autres. S’ils croient toujours en leurs mythes, c’est bien qu’ils ont abandonné l’espoir de changer la réalité pour se réfugier dans l’illusion et non dans l’idéal. A nous de ne pas tomber dans le piège.

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20 novembre 2012 2 20 /11 /novembre /2012 13:00

« Tout vainqueur insolent à sa perte travaille »

 

Jean de LA FONTAINE (1621-1695) – Poète français et le triomphe modeste

 

 
Cela se sera joué à 98 voix. Jean-François Copé a créé la surprise et provoqué un séisme dans les rangs de la droite française. Les sondages donnaient vainqueur François Fillon, même si les spécialistes ont reconnu étrangement après coup qu’ils n’avaient aucune valeur prédictive. Ce retard présumé l’a en réalité bien plus servi que trahi : cela l’a obligé à aller sur le terrain à la rencontre des militants. Cela l’a surtout obligé à leur parler et à répondre à leurs aspirations. Ils voulaient plus de droite, et le nouveau président de l’UMP leur a donné plus de droite.
 
Avec ses excès et ses excédents, Jean-François Copé nous aura de nouveau fait aimer la droite durant cette campagne interne. Il savait qu’un congrès de l’UMP se gagne à droite de la même manière qu’un congrès du PS se gagne à gauche. La victoire de la motion de la droite forte devant la droite sociale le montre. C’est ce que n’a pas compris François Fillon, qui avec ses faux airs de président normal n’aurait pas risqué de se faire accuser de droitisation. Il a perdu car il était tout simplement moins bien préparé, tant sur le discours que sur la posture.
 
Jean-François Copé a dit sa part de vérité. Atteint par la trahison de ses anciens amis et le soutien des ténors du parti à son rival, il n’a pourtant jamais rien lâché. On pensait que le ralliement de Xavier Bertrand à l’ancien 1er ministre calmerait son entrain, mais c’est la santé de son rival qui a flanché. Le choc mêlé d’animosité personnelle de ces deux ambitions n’avait pas flanché lors de ce débat sans dégât en forme de bal des hypocrites. Le danger était bien après le scrutin, puisque les deux se détestaient cordialement et n’accepteraient pas facilement la défaite.
 
Personne n’avait prévu que les 102 voix d’écart du congrès de Reims gâcheraient la fête de la droite. On pensait donner une leçon de démocratie or le ridicule cocoesque des doubles revendications de victoire a nui à tous. Les attaques mal placées sous la ceinture et les soupçons de fraude électorale seront la dernière impression laissée par cette campagne. La mauvaise. A l’heure des bilans, on compte les morts en espérant que la réconciliation et le rassemblement opéreront. Jean-François Copé tend la main et ouvre les bras. François Fillon va le délégitimer.
 
Il n’a pas digéré cette défaite à laquelle il ne s’attendait pas. En dénonçant une fracture morale, il a franchi la ligne jaune car il remet en cause les méthodes de son adversaire. Il s’est éteint. Son destin personnel a basculé, sans doute sur la ville de Paris. Quant à ses nombreux soutiens issus des bancs de l’ancien conseil des ministres, ils se mangent les doigts d’avoir misé sur un si mauvais cheval. Valérie Pécresse, Laurent Wauquiez et Eric Ciotti devraient payer cher leur engagement trop visible. On cherche déjà les gagnants de cette élection perdante.
  
Jean-François Copé a vaincu mais n’a rien gagné. Il hérite d’un parti traumatisé dont il devra recoudre le lien. Surtout, l’organisation d’une nouvelle élection à la présidence de l’UMP en 2015 va contrecarrer ses plans pour 2017. Elle pourrait offrir une nouvelle épreuve à la droite et casser sa dynamique de reconquête entamée aux élections locales. En cas de mauvais bilan, il sera hors-jeu pour prétendre participer à la primaire de 2016 à laquelle les abstinents de 2012 seront bien heureux de prendre part. Même François Fillon, s’il sèche ses larmes.
  
Les absents ont toujours raison. Alain Juppé, Nathalie Kosciusko-Morizet et Bruno Le Maire ont bien fait de rester sur leur réserve. S’ils ne retireront rien de cette neutralité dans l’immédiat, ils seront des recours pour la suite. Ce n’est pas si sûr pour Nicolas Sarkozy, que tout le monde déclare un peu vite vainqueur putatif de cette mascarade. Certes les gens n’ont pas encore pris la mesure que la génération avait changé et ils continuent à le regarder avec admiration. Mais il est parti : l’affaire Bettencourt devrait l’éloigner durablement des estrades.
  
Rien n’est donc perdu pour le sarthois aux réponses de normand, qui pourra prendre exemple sur son bourreau en prenant la rue pour s’offrir une tribune. Et s’allier les élus de l’appareil, et non les vedettes de la télé. D’ici là, il faudra avoir la victoire modeste si on gagne les élections locales car on sait qu’elles ne comptent pour rien pour en avoir tant perdu. Il faudra ouvrir une boîte à idées et mettre à contribution les militants plus d’un jour tous les trois ans. Il ne faudra pas tomber dans le piège de la surenchère avec le FN. C’est le bon filon, car les plus malins auront remarqué qu’on tourne en rond si on tourne tout le temps à droite.
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