« Il faut avoir une parfaite conscience de ses limites, surtout si on veut les élargir »
Antonio GRAMSCI (1891-1937) – Philosophe italien et conscience limitée
Il n’y a plus que les journalistes naïfs pour se demander si l’UMP va faire alliance avec le FN aux prochaines élections régionales. La réponse est bien entendu non. Contrairement à son père, Marine Le Pen veut le pouvoir. Elle s’est juré de tuer la droite et l’UMP. Face à une telle déclaration de guerre, il n’y a pas de compromis ou de compromission possible. Il faut juste savoir comment gagner le match face au FN.
D’un côté, il y a la méthode socialiste version 2014. Le PS de Jean-Christophe Cambadélis a fait du combat contre le FN une affaire personnelle, à moins qu’il ne s’agisse seulement de faire monter artificiellement l’extrême droite pour nuire à la droite et espérer se retrouver en finale contre Marine Le Pen en 2017. La ficelle est trop grosse, déjà utilisée par François Mitterrand dans les années 1980 avec SOS Racisme. Pourtant elle marche avec les médias, qui ne cessent de comparer la situation d’aujourd’hui à celle des années 1930 et à la montée du fascisme. Misère de l’historicisme. Cette tactique de permettra pas de marquer beaucoup de points contre le FN, si ce n’est des points Godwin (le premier qui parle d’Hitler a gagné).
De l’autre, il y a la méthode socialiste version 1974. Celle du Programme commun de 1974 dont François Mitterrand avait juré devant le congrès de l’Internationale socialiste qu’elle lui permettrait de réduire à néant l’électorat communiste français. Et il y parvint. François Mitterrand avait passé une alliance avec le PCF de Georges Marchais pour l’empêcher de se présenter à l’élection présidentielle. Cette absence déshabitua les électeurs à voter communiste et ils se mirent à voter socialiste. La droite aurait pu s’en inspirer, du temps où elle avait à peu près les mêmes idées que l’extrême droite même si la fatwa médiatique bienpensante l’empêchait de le dire.
Ce temps est révolu. Le FN a tellement renouvelé son programme qu’il n’y a plus aucune relation possible avec la droite modérée républicaine. Il y aurait pu avoir une entente minimale sur le concept décrié mais si sensé de préférence nationale. Mais aujourd’hui le FN prône la sortie de l’euro comme seule voie de salut et défend un programme économique digne du Programme commun de la gauche des années 1970. Le match contre le FN se gagnera donc sur le vieil adage gramscien, et tant de gauche, notre chantier des prochains mois : « Le pouvoir se gagne par les idées ».